Le syndrome de la prison dorée

Tout le monde veut changer le monde, mais personne ne songe à se changer soi-même - Léon Tolstoï

Le syndrome de la prison dorée

(Photo by frankvouffa on Pixabay)

Qu’est-ce qu’une prison dorée ?

Elle peut revêtir plusieurs formes, mais elle inclut deux éléments fondamentaux :

  • C’est une prison, car elle vous enferme. Peut-être distille-t-elle des valeurs en décalage avec les vôtres. Peut-être est-elle source d’ennui, de fatigue ou de honte. Peut-être vous accompagne-t-elle au bord du burn-out, du brown-out ou du bore-out.
  • Elle est dorée, car confortable, dans le sens où elle vous apporte une bonne rémunération, un statut social, une reconnaissance.

En règle générale, dans une prison dorée, plusieurs sensations cohabitent : une contradiction intrinsèque entre les avantages visibles et les contraintes cachées, la culpabilité de ne pas oser sortir de cette geôle ou de se plaindre de sa propre condition, la pression d’un masque à porter avec sa famille, ses amis, ses collègues, le sentiment de se sentir coincé entre ses rêves / envies / valeurs et ses obligations, externes ou internes. Ces obligations peuvent prendre plusieurs formes : un poste en ligne avec ses années d’études, un crédit immobilier à rembourser, un train de vie à assurer pour soi et sa famille, le coût des études des enfants, son image auprès de ses proches. Ainsi, il est possible de justifier l’immobilisme de la sortie des études jusqu’à l’orée de la retraite. Comme le dit le proverbe Shadok : “Quand il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème”. Et plus la rémunération est élevée, plus il est “risqué” de quitter sa prison dorée.

Il n’est pas question ici de jeter la pierre à quiconque. Vous trouverez sur de nombreux sites des injonctions à prendre “votre courage à deux mains” et à briser les barreaux de votre prison. Les auteurs n’auront pas à affronter les conséquences de cette “libération” : tensions familiales, problèmes financiers, perte de repères, de confiance et d’estime de soi, possible sentiment d’échec…

Ces situations suggèrent trois étapes:

  • Prendre conscience de ce qui est important pour vous. Deux personnes dans la même situation peuvent fournir des réponses différentes, voire radicalement opposées. Liberté, autonomie, sécurité, famille, reconnaissance, stimulation intellectuelle, style de vie : à chacun ses priorités. Aucune n’est a priori plus justifiée qu’une autre.
  • Réaliser que le récit personnel qui vous enferme dans une prison dorée n’est pas le seul. Il existe sans doute d’autres variantes que l’immobilisme et le dynamitage, et des leviers vous sont peut-être accessibles.
  • Choisir une option et définir une stratégie. Parmi les clients que j’accompagne dans ces problématiques, certains choisissent de rester à leur poste avec une posture différente et une ouverture plus large à un monde extérieur qui nourrit autrement leurs besoins. D’autres évoluent en interne ou en externe pour trouver un compromis qui réponde à leurs valeurs de manière optimale. D’autres enfin amorcent un changement plus profond, en pleine conscience. Il n’y a pas de solution miracle ou unique, car chacun est différent.

Et vous, qu’allez-vous faire de votre prison dorée après avoir lu cet article ?